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Kaloë Meloko. Elle avait de magnifiques cheveux lisses, fins comme la caresse d’un
amant, roses comme la plus belle de ces fleurs. L’on aurait dit le plus diaphane
des tissus, filé par le plus sacré des vers à soie de ce défunt Empire ; tissé
par le plus honorable des couturiers de sa Capitale. Les louanges ne
finissaient pas pour louer son charme incontestable.
Que
diable faisait un tel ange tombé des cieux dans l’Avant-garde des Valkyries,
cela était le plus grand mystère lié à sa légende. À la voir, un observateur
ignorant de ses faits d’arme ne la croirait pas militaire. Elle paraissait bien trop
fragile, bien trop paisible pour cela. Une geisha sans doute, une fille de
Seigneur, ou même prêtresse de Latiro. Tout sauf l’incarnation de la mort. Cette
jeune femme suscitait l’admiration et le respect de ses pairs. Ainsi que leur
crainte. Non pas par sa beauté presque irréelle, ses manières graciles ou
encore sa voix musicale.
Mais
par son habileté au combat ; la facilité qu’était la sienne à faucher ses
ennemis sans la moindre hésitation, sans l’ombre d’un remord. Oui, elle maniait
l’épée comme personne. Bien mieux que les vétérans endurcis. La longue et massive
lame d’acier des Valkyries, aussi grande qu’elle, semblait être bien trop lourde
pour ses bras fins. L’illusion s’effritait sur le champ de bataille, ce qui
faisait la perte de beaucoup d’âmes arrogantes. Première à charger, dernière à rentrer, autour
d’elle se rependait la mort de ses adversaires dans un orage de métal. Kaloë
dansait, et les corps tombaient, en même temps que l’espoir.
Née
pour tuer. Admirée et crainte. Un démon vengeur dans un corps de nymphe enchanteresse.
De son vivant, on l’appelait l’Ange Cramoisi. Car lorsqu’elle revenait des
combats livrés au nom de son Impératrice, son épée sanglée dans le dos, ses
cheveux de soie se teintaient de rouge.
Rouge
sang.
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