lundi 19 mars 2012

Fragments de Mondes : Sanguis Imperium


            […] Kaloë Meloko. Elle avait de magnifiques cheveux lisses, fins comme la caresse d’un amant, roses comme la plus belle de ces fleurs. L’on aurait dit le plus diaphane des tissus, filé par le plus sacré des vers à soie de ce défunt Empire ; tissé par le plus honorable des couturiers de sa Capitale. Les louanges ne finissaient pas pour louer son charme incontestable.
            Que diable faisait un tel ange tombé des cieux dans l’Avant-garde des Valkyries, cela était le plus grand mystère lié à sa légende. À la voir, un observateur ignorant de ses faits d’arme ne la croirait pas militaire. Elle paraissait bien trop fragile, bien trop paisible pour cela. Une geisha sans doute, une fille de Seigneur, ou même prêtresse de Latiro. Tout sauf l’incarnation de la mort. Cette jeune femme suscitait l’admiration et le respect de ses pairs. Ainsi que leur crainte. Non pas par sa beauté presque irréelle, ses manières graciles ou encore sa voix musicale.
            Mais par son habileté au combat ; la facilité qu’était la sienne à faucher ses ennemis sans la moindre hésitation, sans l’ombre d’un remord. Oui, elle maniait l’épée comme personne. Bien mieux que les vétérans endurcis. La longue et massive lame d’acier des Valkyries, aussi grande qu’elle, semblait être bien trop lourde pour ses bras fins. L’illusion s’effritait sur le champ de bataille, ce qui faisait la perte de beaucoup d’âmes arrogantes.  Première à charger, dernière à rentrer, autour d’elle se rependait la mort de ses adversaires dans un orage de métal. Kaloë dansait, et les corps tombaient, en même temps que l’espoir.
            Née pour tuer. Admirée et crainte. Un démon vengeur dans un corps de nymphe enchanteresse. De son vivant, on l’appelait l’Ange Cramoisi. Car lorsqu’elle revenait des combats livrés au nom de son Impératrice, son épée sanglée dans le dos, ses cheveux de soie se teintaient de rouge.
            Rouge sang.

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